samedi 19 avril 2008

Entreprise de démolition (sociale)

rappel :
Lire et signer l'Appel : http://service-public-notre-richesse.fr/.



Cacophonie gouvernementale ou tourbillon médiatique
destiné à noyer dans un flot de nouvelles diverses et
variées des mesures impopulaires ? Les deux à la fois ?
Difficile de répondre. Une chose est sûre : de la
suppression de la carte SNCF « famille nombreuse » à la
fin du remboursement des lunettes, de la baisse du
nombre d'enseignants à la réforme hospitalière en
passant par celle de l'indemnisation chômage, les
dispositions annoncées par le gouvernement français
vont dans un seul sens, sans déborder d'un iota de leur
objectif : réduire les dépenses sociales. Le tout
enrubanné d'un discours policé.

Ainsi, il paraît que l'on doit désormais bannir du
vocabulaire toute référence à la « carte hospitalière »
(de très mauvaise réputation depuis le début des années
2000, car elle a servi de fer de lance aux fermetures
de petits hôpitaux). M. Nicolas Sarkozy, qui a rendu
publics, le 17 avril, les grands axes de la « réforme »,
préfère parler de « nouveau paysage hospitalier » -
lequel comptera 200 hôpitaux de moins d'ici 2010. Même
souci de forme chez M. Claude Evin, ancien ministre
socialiste de la santé et fervent partisan de ce
nouveau tour de vis dans lequel il ne voit que
« mutations en douceur » - expression plus appropriée,
assure-t-il, que « fermetures ». Maternités locales et
hôpitaux de proximité disparaîtront donc... mais sans
brutalité. D'ores et déjà, on voit se profiler des
« déserts médicaux » (il faut parfois faire 80 ou 100 km
pour accoucher, par exemple), tandis que les grands
centres hospitaliers aux plateaux techniques de pointe
sont encombrés pour des soins banals.

Le projet présidentiel confirme une réorganisation en
réseau, dont le principe aurait pu être intéressant
s'il n'offrait un partage démesurément favorable aux
cliniques privées (qui prendront plus en charge la
chirurgie et la médecine programmées - plus rentables -,
et laisseront au secteur public les pathologies
lourdes - plus coûteuses). Il prévoit également de
donner tout pouvoir à un directeur unique (exit les
médecins et les élus). Bien gérer avant de bien
soigner. Or, les vrais problèmes de l'hôpital public
- un manque de médecins (avec le numerus clausus, on est
passé à 2 500 formés par an contre 8 500 il y a vingt ans),
une pénurie d'infirmières, l'organisation des urgences -
sont renvoyés à des échéances indéterminées....

Autre secteur en ligne de mire : les prestations
sociales. L'allocation familiale majorée pour les
enfants de 11 ans est supprimée ; elle ne sera versée
qu'à partir de 14 ans et augmentée de 60 euros. Le
manque à gagner pour les ménages est évalué à 138 millions
d'euros par la Caisse nationale des allocations familiales
elle-même (CNAF). Dans le même esprit, le gouvernement
avait planifié la suppression de la carte famille nombreuse
de la SNCF, qui donne droit à des réductions, compensées
par l'Etat, auprès du service public. Devant le tollé général,
la décision est suspendue. Tout comme la proposition de la
ministre de la Santé, Mme Roselyne Bachelot, de supprimer le
remboursement des lunettes. Mais ce n'est que partie
remise, alors que les dépenses d'optique font déjà
partie des soins auxquels renoncent les familles, faute
de moyens. Le candidat Sarkozy n'hésitait d'ailleurs pas
à décréter qu'il fallait « porter les remboursements des
lunettes à 50 % »...


... Lire la suite de cet article inédit de Martine BULARD :

http://www.monde-diplomatique.fr/carnet/2008-04-18-Social

ainsi qu'une sélection d'articles de nos archives.

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