vendredi 17 avril 2009

Proposition d'un boycott de l’élection Européenne du 7 juin 2009

Un triste constat : Le Traité Constitutionnel Européen (TCE) rejeté par référendum en 2005 par les Français-es à 53% ne s’intéressait pas à l’Europe sociale. Mais son frère jumeau le Traité de Lisbonne approuvé par le Parlement français fait toujours la part belle à la libre circulation des capitaux et des marchandises. C’est sur ces bases politico-économiques qui encouragent la spéculation, le crédit à la consommation et les profiteurs en tout genre, que « la crise financière » est survenue. Je la qualifie de « casse financier du 21ème siècle ». Les Européens sont gouvernés par des technocrates de plus en plus éloignés des préoccupations des gens ordinaires. Les centres de décisions sont délocalisés. Cette pyramide de décideurs n’est pas loin de la pyramide décisionnelle des profiteurs, qui gouvernent les multinationales. Elle poursuit le même but, les profits monétaires, l’enrichissement privé, l’accumulation des pouvoirs, la manipulation des masses. Ce n’est pas l’Europe dont nous voulons !
L’Etat français ne cesse plus d’endetter les contribuables (1210 Milliards de dette avant la crise) et on peut dire qu’il entretient un système « faillitaire » depuis de nombreuses années et pas seulement sur le plan économique et financier mais également sur le plan environnemental et du respect des droits de l’humain. Les femmes et les hommes du gouvernement français actuel représentent l’élite française de cette idéologie décadente. Certains-es d’entre eux sont d’anciens-nes capitaines d’industrie et le Présidents est lié au Gotha des affaires et au patronat. La plupart des grands patrons ont sollicité des aides de l’Etat, démontrant leur incapacité à gérer leur entreprise. C’est inacceptable !
Le triste constat ne s’arrête malheureusement pas là. Alors qu’une vacuité s’installe en politique, avec la demande pressente d’une autre société, la gauche est divisée. Je ne me reconnais plus dans cette division de mes amis politiques dispersés dans des camps différents et qui s’opposent : au NPA, à la Fédération, au Front de Gauche, à Lutte Ouvrière, etc. Tous dispersés et divisés et prêts encore une fois à nous faire perdre une élection. Je m’adresse à vous pour réagir parce qu’ « Une minorité est sans pouvoir tant qu'elle se conforme à la majorité : ce n'est même pas alors une minorité » (Thoreau). Après le déni de démocratie du parlement, la banqueroute (organisée ?) du capitalisme, qui plonge le pays dans la récession et plus de pauvreté, il serait grand temps que les peuples d’Europe, et la France en particulier, réagissent.

Que pouvons-nous attendre de l’élection européenne ? On ne peut pas être contre le Traité de Lisbonne, qui régit l’Europe contre le consentement du peuple, et se présenter aux élections sans trahir, ou encore aller voter à gauche le 7 juin sans perdre la face. De plus, l’émiettement des forces de gauche en plusieurs listes annule tout espoir d’avoir un seul élu au parlement européen, comme le rappelait Clémentine Autin le 31mars dernier à Saintes, tout en appelant à rejoindre la Fédération, alors que des membres du Front de gauche demandaient de les rejoindre aussi ce même soir. Quelle crédibilité pouvons nous avoir à gauche de la gauche, en nous disant en faveur de la solidarité et en étant incapables de nous unir autour d’un projet commun pour une élection ? Voter, reviendrait à avaliser la confiscation de la démocratie et cette ridicule guerre des chefs.

Ma proposition : Le boycott d’une élection n’est pas le reniement du droit de vote, il appuie une revendication faite aux responsables d’une infraction au respect des droits de l’Humain ou de la nature. Il y a au moins trois bonnes raisons qui me poussent à proposer le boycott de l’élection européenne et à poser les revendications suivantes au gouvernement :
1)L’abandon du traité de Lisbonne par la France et l’ouverture d’une consultation démocratique avec les 20 Etats membres et toutes les composantes de l’Europe, pour un nouveau traité.
2)La levée du secret bancaire et la fin des paradis fiscaux.
3)La nomination d’une commission d’enquête parlementaire européenne sur les dessous de la crise financière, avec des investigations dans les paradis fiscaux.
Bien entendu, nos adversaires accueilleront avec satisfaction et mépris notre boycott. Il s’agit d’une étape, pas d’un objectif final.
Je propose les deux revendications suivantes à tous les partis de gauche :
1)L’union des forces de gauche à l’échelle nationale et européenne sur la base des valeurs qui nous rapprochent et non qui nous divisent. La création d’une Grande Fédération de Gauche, avec une répartition équitable des candidats sur une même liste, au prorata des derniers résultats électoraux.
2)Un appel aux populations du monde pour sortir de la culture du productivisme et du consumérisme, ces serviteurs du capitalisme. Car il est illusoire de tout attendre des gouvernements et des partis politiques.
Je ne pense pas une seule seconde que l’une de ces revendications puisse être satisfaite aujourd’hui. Mais elles ont le mérite de s’inscrire dans une stratégie à long terme en interpellant les responsables politiques et les médias. Je propose de demander à ceux qui nous représentent ou y aspirent d’avoir plus de dignité. Plus nous serons nombreux à porter ces revendications et plus nous aurons de chance de les voir satisfaites. Dans le cas contraire, et ce n’est qu’une étape, je propose à celles et ceux qui ne veulent pas capituler la stratégie suivante le jour du 7 juin : déployer des piquets de grève devant tous les bureaux de vote avec les symboles suivants : dessins de cercueils sur lesquels seront inscrits « démocratie » ou « 29 mai », brassards noirs, ou bâillons noirs ou vêtements noirs, etc. Je propose aux plus courageux et héroïques des citoyens-nes de faire des interpositions en se couchant ou s’assoyant sur les chemins et les accès aux bureaux de vote, afin d’obliger la police à intervenir. Il sera de notre devoir alors de nous laisser traîner, voire emprisonner et de décliner notre identité. Thoreau dont l’action et le courage ont fait école, disait justement pour condamner le gouvernement américain au 19ème siècle, que la place d’un homme libre dans une société esclavagiste était la prison. Je propose que nous brûlions des copies de nos cartes d’électeur devant les journalistes et les photographes. Le tout pour interpeller les médias et la presse afin de faire passer notre message. Conformément aux règles de la non-violence, je propose de commencer par adresser des pétitions et des lettres individuelles aux responsables politiques, avec en copie les journalistes, signifiant notre intention de nous opposer au scrutin si tout ou partie de nos revendications ne sont pas satisfaites.
Notre devoir est de ne plus participer à cette mascarade politique qui bafoue la démocratie, vire au cauchemar économique, humanitaire et environnemental. Je propose de créer des comités dits « du 29 mai » pour étayer cette proposition, l’entériner, écrire une pétition nationale et se préparer au boycott si nous n’obtenons pas satisfaction d’ici le 7 juin. Si cet appel aux collectifs échoue, que chacun face pour le mieux.

Pour finir sur une note d’optimisme : Les collectifs ou comités citoyens sont la plus belle réalisation démocratique. Mais ils semblent avoir été minés par l’entrisme des appareils politiques en déconfiture, reconstitués et colmatés. Nous n’avons pas su réinventer une gouvernance horizontale avec cette force populaire constituée, précisément parce que ce modèle reste encore à inventer. Gandhi disait : « Dans cette structure composée d’innombrables villages (collectifs), il y aura des cercles de plus en plus grands, mais jamais de structure ascendante. L’existence ne sera pas bâtie sur le modèle d’une pyramide dont le sommet est soutenu par la base. Il s’agira d’un cercle océanique dont le centre sera l’individu toujours prêt à périr pour le village, et le village prêt à périr pour le cercle de villages (…) » Il résumait cette idée ainsi : "Dans cette nouvelle nation (l’Inde indépendante) où le dernier est égal au premier ou, en d’autres termes, personne ne vient en premier et personne en dernier".

Vous pouvez réagir à cet appel sur ce blog. Merci de transmettre ce message à tous les collectifs de France.
Cordialement

Jean-paul Alonso

Si vous adhérez au texte ci-dessus, je vous invite à signer la pétition suivante;

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