mercredi 19 janvier 2011
lundi 10 janvier 2011
Paix, Salam, Shalom, Peace ! Le manifeste de la jeunesse de Gaza...
Par Gaza Youth Breaks Out, Collectif de jeunes artistes et militants associatifs de la bande de Gaza.
Merde au Hamas. Merde à Israël. Merde au Fatah. Merde à l’ONU et à l’Unrwa (1). Merde à l’Amérique ! Nous, les jeunes de Gaza, on en a marre d’Israël, du Hamas, de l’occupation, des violations permanentes des droits de l’homme et de l’indifférence de la communauté internationale.
Nous voulons crier, percer le mur du silence, de l’injustice et de l’apathie de même que les F16 israéliens pètent le mur du son au-dessus de nos têtes, hurler de toute la force de nos âmes pour exprimer toute la rage que cette situation pourrie nous inspire. Nous sommes comme des poux coincés entre deux ongles, nous vivons un cauchemar au sein d’un autre cauchemar. Il n’y a pas d’espace laissé à l’espoir, ni de place pour la liberté. Nous n’en pouvons plus d’être piégés dans cette confrontation politique permanente, et des nuits plus noires que la suie sous la menace des avions de chasse qui tournent au-dessus de nos maisons, et des paysans innocents qui se font tirer dessus simplement parce qu’ils vont s’occuper de leurs champs dans la zone « de sécurité », et des barbus qui se pavanent avec leurs flingues et passent à tabac ou emprisonnent les jeunes qui ont leurs idées à eux, et du mur de la honte qui nous coupe du reste de note pays et nous enferme dans une bande de terre étriquée.
On en marre d’être présentés comme des terroristes en puissance, des fanatiques aux poches bourrées d’explosifs et aux yeux chargés de haine ; marre de l’indifférence du reste du monde, des soi-disant experts qui sont toujours là pour faire des déclarations et pondre des projets de résolution mais se débinent dès qu’il s’agit d’appliquer ce qu’ils ont décidé ; marre de cette vie de merde où nous sommes emprisonnés par Israël, brutalisés par le Hamas et complètement ignorés par la communauté internationale.
Il y a une révolution qui bouillonne en nous, une énorme indignation qui finira par nous démolir si nous ne trouvons pas le moyen de canaliser cette immense énergie pour remettre en cause le statu quo et nous donner un peu d’espoir. Le dernier coup qui a encore aggravé notre frustration et notre désespoir s’est produit le 30 novembre, quand des miliciens du Hamas ont débarqué au siège du Sharek Youth Forum (www.sharek.ps, une organisation de jeunesse très active à Gaza) avec leurs fusils, leurs mensonges et leur agressivité. Ils ont jeté tout le monde dehors, arrêté et emprisonné plusieurs personnes, empêché Sharek de poursuivre ses activités ; quelques jours plus tard, des manifestants regroupés devant le siège de Sharek ont été agressés, battus et pour certains emprisonnés.
C’est vraiment un cauchemar au sein d’un autre cauchemar que nous vivons. Il n’est pas facile de trouver les mots pour décrire la pression qui s’exerce sur nous. Nous avons difficilement survécu à l’opération « Plomb durci » de 2008-2009, quand Israël nous a systématiquement bombardé la gueule, a détruit des milliers de logements et encore plus de vies et de rêves. Ils ne se sont pas débarrassés du Hamas comme ils en avaient l’intention mais ils nous ont fichu la trouille pour toujours, et le syndrome du « stress post-traumatique » s’est installé à jamais en chacun de nous, parce qu’il n’y avait nulle part où fuir les bombes.
Nous sommes une jeunesse au cœur lourd. Nous portons en nous un poids tellement accablant qu’il nous empêche d’admirer le coucher de soleil : comment pourrait-on, alors que des nuages menaçants bouchent l’horizon et que des souvenirs effrayants passent dans nos yeux à chaque fois que nous les fermons ? Nous sourions pour cacher la douleur, nous rions pour oublier la guerre, nous gardons l’espoir pour ne pas nous suicider tout de suite.
Au cours des dernières années, Hamas a tout fait pour prendre le contrôle de nos pensées, de notre comportement et de nos attentes. Nous sommes une génération de jeunes qui se sont déjà habitués à évoluer sous la menace des missiles, à poursuivre la mission apparemment impossible qui consiste à mener une existence normale et saine, et nous sommes à peine tolérés par une organisation tentaculaire qui s’est étendue à travers notre société, tel un cancer malveillant déterminé à détruire dans sa propagation jusqu’à la dernière cellule vivante, la dernière opinion divergente, le dernier rêve possible, à paralyser chacun de nous en faisant régner la terreur. Et tout ça arrive dans la prison qu’est devenu Gaza, une prison imposée par un pays qui se prétend démocratique.
A nouveau l’histoire se répète dans toute sa cruauté et tout le monde a l’air de s’en moquer. Nous vivons dans la peur. Ici, à Gaza, nous avons peur d’être incarcérés, interrogés, battus, torturés, bombardés, tués. Nous avons peur de vivre parce que chaque pas que nous faisons doit être sérieusement considéré et préparé, parce qu’il y a des obstacles et des interdits partout, parce qu’on nous empêche d’aller où nous voulons, de parler et d’agir comme nous le voulons et même parfois de penser ce que nous voulons, parce que l’occupation colonise nos cerveaux et nos cœurs, et c’est tellement affreux que c’est une souffrance physique, que nous voulons verser des larmes de révolte et de colère intarissables.
Nous ne voulons pas avoir de haine, ressentir toute cette rage, et nous ne voulons pas être encore une fois des victimes. Assez ! Nous en avons assez de la douleur, des larmes, de la souffrance, des contrôles, des limites, des justifications injustifiées, de la terreur, de la torture, des fausses excuses, des bombes, des nuits sans sommeil, des civils tués aveuglément, des souvenirs amers, d’un avenir bouché, d’un présent désespérant, des politiques insensées, des politiciens fanatiques, du baratin religieux, de l’emprisonnement. Nous disons : ASSEZ ! Ce n’est pas le futur que nous voulons !
Nous avons trois exigences : nous voulons être libres, nous voulons être en mesure de vivre normalement et nous voulons la paix. Est-ce que c’est trop demander ? Nous sommes un mouvement pacifiste formé par des jeunes de Gaza et des sympathisants de partout ailleurs, un mouvement qui continuera tant que la vérité sur ce qui se passe chez nous ne sera pas connue du monde entier, et à tel point que la complicité tacite et la tonitruante indifférence ne seront plus acceptables.
Ceci est le manifeste pour le changement de la jeunesse de Gaza !
Nous allons commencer par rompre l’occupation qui nous étouffe, par nous libérer de l’enfermement mental, par retrouver la dignité et le respect de soi. Nous garderons la tête haute même si nous rencontrons le refus. Nous allons travailler nuit et jour pour changer la situation lamentable dans laquelle nous nous débattons. Là où nous nous heurtons à des murs, nous construirons des rêves.
Nous espérons que vous qui lisez maintenant ces lignes, oui, vous, vous nous apporterez votre soutien. Pour savoir sous quelle forme c’est possible, écrivez sur notre mur ou contactez-nous directement à ✉freegazayouth@hotmail.com
Nous voulons être libres, nous voulons vivre, nous voulons la paix.
1) Agence de l’ONU crée en 1948 pour prendre en charge les réfugiés palestiniens.
Traduit de l’anglais par Bernard Cohen.
Ivan Villa | mediapart.fr | 02 Janvier 2011, via http://www.bbec.lautre.net/www/spip_truks-en-vrak/spip.php?article729
Version originale :
Gazan Youth’s Manifesto for Change
By Gaza Youth Break Out (GYBO)
Transmis par Christine Dardalh
Libellés : Gaza, international, Israël, Palestine
lundi 6 décembre 2010
A Cancún, La Vía Campesina appelle à faire échec aux marchés du carbone
Le Forum mondial « Pour la Vie et la Justice environnementale et sociale » a commencé.
(Cancún, 5 décembre 2010)
Au cours du premier jour d’ouverture et de travail du Forum mondial « Pour la Vie et la Justice environnementale et sociale » organisé par La Via Campesina et ses alliés dans leur campement à Cancún, une idée forte à surgit: il est nécessaire de faire échec aux marchés du carbone et au programme REDD que les gouvernements prétendent légitimer lors de la COP16.
Il a été conclu que le programme de Réduction des Emissions dues à la Déforestation et à la Dégradation des Forêts (REDD) ne réduit pas significativement l’émission des gaz à effet de serre mais ouvre la porte à la privatisation des territoires, récompense ceux qui polluent et porte atteinte à la souveraineté nationale et à la survie des communautés autochtones.
Alberto Gómez Flores, représentant de La Via Campesina pour la Région Amérique du Nord, a déclaré: « Il est absolument lamentable que l’espace des Nations unies pour le changement climatique se soit converti en une plateforme pour légitimer les stratégies des activités des transnationales. »
Il a ajouté: « Les multinationales bénéficient d’un nombre chaque fois plus important de mécanismes de compensation pour capturer le carbone qui ne sont que des nouvelles possibilités pour celles-ci de s’agrandir et de consolider leur contrôle sur les eaux , les territoires et les semences ».
« Nous dénonçons les fausses solutions que sont les marchés du carbone et le fait que de nombreux gouvernements s’en accommodent et ne souhaitent pas de compromis avec leurs peuples. Notre tâche est donc de faire échec aux marchés du carbone. C’est pour cela que nous sommes venus », a insisté Gómez.
D’autre part, dans son message de bienvenue, Olegario Carrillo a assuré qu’ “il faut qualifier au moins d’irresponsable, bien que nombreux sont ceux qui la qualifie de criminelle, l’attitude de ceux qui sont à l’origine de ces schémas de privatisation- commercialisation du monde, des forêts et de l’atmosphère nous rapprochant chaque fois plus de l’abîme ”.
« D’ici nous pouvons voir comment flotte sur le sommet de Cancún la brume épaisse des intérêts transnationaux. Les pays riches et leurs satellites essaient de conférer une légitimité aux fausses solutions comme la REDD » a poursuivi Carrillo, dirigeant national de l’UNORCA.
« Nous venons ici pour dénoncer les gouvernements du monde qui prétendent cautionner leurs projets en cachette de leurs peuples » a déclaré Magdiel Sánchez, du Mouvement de Libération national.
« Nous avons le même message: nous ne voulons pas des fausses solutions que va présenter la COP16, nous ne voulons pas de la REDD, nous ne voulons pas qu’ils continuent à nous empoisonner avec leurs mensonges et avec leurs fausses solutions, nous l’avons dit et nous l’avons entendu partout où se sont arrêtées les caravanes qui, tout au long du trajet parcouru dans le pays, ont pu constater la dévastation environnementale et sociale » a déclaré Octavio Rosas Landa, de l’Assemblée nationale des Affectés environnementaux.
« La COP 16 ne cherche qu’à tirer profit au maximum de cette crise climatique tandis que les gens continuent à tomber malade à mourir à cause de ces politiques perverses et des activités de toutes les transnationales qui s’approprient l’air, le sol, l’eau, les forêts, les semences et tous les biens communs patrimoine de l’humanité » a-t-il ajouté.
Dans ce contexte, Rosas Landa a qualifié de bluff les programmes que le gouvernement fédéral tente d’appliquer dans le pays, car ils ne vont combattre ni le réchauffement global ni la crise climatique. En ce qui concerne la proposition REDD, il a précisé que le gouvernement fédéral essaie de contrôler les zones vertes affectant les groupes les plus vulnérables.
Ainsi a débuté le Forum mondial « Pour la Vie et la Justice environnementale et sociale »”, avec la participation d’environ 1.500 personnes de plus de 80 organisations d’Amérique Latine et d’autres parties du monde dont un millier ont accompagné les caravanes qui ont parcouru 17 Etats de la République du Mexique.
Equipe de communication Cloc/Vía Campesina
source: via Campesina
jeudi 2 décembre 2010
Hervé Kempf et l’écologie bisounours : Cancon, pas Cancun
Libellés : Ecologie, international, Mexique, réchauffement planétaire
dimanche 14 novembre 2010
G20 de Séoul : vive le marché libre !
La guerre des monnaies fait rage et menace de dégénérer en crise financière et géopolitique. La Chine protège ses gigantesques excédents commerciaux en conservant une monnaie sous-évaluée. Les États-Unis créent 600 milliards de dollars pour faire baisser leur devise. L’Allemagne étouffe la zone euro par sa politique d’exportation agressive basée sur le dumping social. Que propose le G20 pour dissiper les nuages noirs qui s’amoncellent à l’horizon ?
Mais on retiendra surtout la consternante détermination du G20 d’aller vers "un système monétaire international où les taux de change sont davantage déterminés par le marché".
Alors qu’aucune mesure n’a été prise pour limiter la spéculation sur le marché des changes, qui représente 3 000 milliards de dollars par jour ; alors que cette spéculation provoque d’incessants mouvements de yo-yo entre les devises, sans aucun rapport avec les fondamentaux des économies nationales ; alors que la Grèce, le Portugal, aujourd’hui l’Irlande, sont la proie d’une spéculation déchaînée qui menace à terme l’existence même de l’euro, cette réaffirmation du fondamentalisme de marché confirme l’incapacité du G20 à tirer les leçons de l’effondrement financier de 2008, et rend probable une nouvelle crise à court ou moyen terme.
La réforme du système monétaire international est plus que jamais indispensable. Mais elle ne peut consister à livrer sans cesse davantage les monnaies aux caprices de la finance. Au contraire, il faut dans l’immédiat taxer et réglementer drastiquement la spéculation sur les devises, mais aussi sur les matières premières, les dettes souveraines... À terme il faut viser le remplacement du dollar par une monnaie commune mondiale, instrument de résorption coordonnée des déséquilibres commerciaux : les pays excédentaires devront réévaluer leur devise par rapport à la monnaie mondiale, et les pays déficitaires dévaluer la leur.
La conclusion de Séoul, que Nicolas Sarkozy a endossée sans piper mot, réduit d’ores et déjà à néant ses rodomontades sur la réforme du système monétaire international. Il s’agissait pourtant, d’après lui, de l’ambition majeure de sa présidence du G20, qui s’ouvre aujourd’hui.
Les mouvements sociaux de France, aux côtés des mouvements sociaux du monde entier, prennent le relais de la résistance au G20. Ils n’auront de cesse de porter la réponse populaire à l’illégitimité et l’inefficacité de ce G20, totalement incapable de contester la dictature de la finance.
Attac France,
Paris, le 12 novembre 2010
http://www.france.attac.org/spip.php?article11875
Libellés : attac, G20, international
samedi 3 juillet 2010
L’été de tous les dangers
la suite..
Libellés : capitalisme, crise, économie, Grèce, international, social, Speculation/crise
vendredi 25 juin 2010
G20 : pas de plans de rigueur prévus pour la finance
Les gouvernements des pays les plus riches et les plus puissants du monde se retrouvent ce week-end au sommet du G20 à Toronto. Mais bien qu'ils portent une responsabilité écrasante dans la dérive du système économique international et dans la dérégulation des marchés financiers qui en est à l'origine, ce G20 s'annonce comme une nouvelle mascarade.
Les derniers G20 ont abouti à des plans de relance et des aides massives aux systèmes financier et bancaire, sans qu'en contrepartie ceux-ci soient soumis à de nouvelles régulations. La récession et les plans de relance ont causé d'importants déficits publics, prétextes à de vastes plans de rigueur sociale qui imputeront la note aux salariés, retraités et chômeurs.
Le G20 est divisé sur l'efficacité de ces plans : les États-Unis soulignent à juste titre leurs conséquences néfastes sur l'activité économique. Mais ils refusent en même temps toute proposition conséquente de taxation de la finance. Le sachant, les Européens proposent pour la galerie de mettre à l'étude une taxe mondiale sur les transactions financières, demandée par de nombreuses organisations de la société civile. Mais si les Européens veulent vraiment le faire, pourquoi ne pas le décider au niveau européen ? Même la taxe sur les banques, mesure pourtant inepte en terme de régulation financière, ne semble pas faire consensus puisque le Canada, pays hôte, le Japon et les pays émergents rejettent cette idée. Pour sauver la face, le communiqué final du G20 indique, dans sa version préliminaire qui a fuité, que le G20 veut combattre les causes de la crise financière... mais ne propose que la création d'un groupe d'experts sur la corruption financière. Même les paradis fiscaux et judiciaires semblent avoir disparu des discussions.
Pire, les pays s'engagent à ouvrir encore davantage les marchés de biens et de services (dont les services financiers !) et à continuer d'éliminer les derniers instruments de protection dont disposent les gouvernements ou les régions vis-à-vis du tout marché . C'est même le seul paragraphe consistant du communiqué provisoire. Les gouvernements du G20 réaffirment leur foi dans le libre marché, pourtant au fondement de cette profonde crise structurelle. Comme des fidèles qui ne croient plus, ils psalmodient de vagues promesses de « reprise verte » et de « croissance mondiale durable » et réaffirment leur détermination à atteindre les Objectifs de développement du millénaire, alors même qu'ils s'en éloignent année après année.
Pour Attac, c'est le désarmement de la finance qui constitue l'urgence. Il passera notamment par les mesures suivantes :
- la mise en place immédiate d'une taxe sur les transactions financières au plan mondial, à un taux suffisant pour avoir un effet régulateur sur les marchés financiers et dégager les fonds nécessaires pour la lutte contre le réchauffement climatique et la pauvreté ;
- la suppression des paradis fiscaux ;
- des politiques de relance passant par le soutien des services publics et la reconversion écologique de l'économie, plutôt que par l'austérité et l'érosion des salaires et retraites.
Le réseau mondial des Attac est présent à Toronto et participe aux manifestations de la société civile canadienne contre ce sommet des puissants.
Attac France,
Montreuil, le 25 juin 2010
http://www.france.attac.org/spip.php?article11519
Libellés : attac, G20, international, Speculation/crise
lundi 7 juin 2010
Analyses : La sécurité a bon dos.
Dominique Eddé
Il n’y a rien de neuf dans ce qu’Israël vient de faire au large de Gaza. Il y a des lustres que le pouvoir israélien prend le bon sens du monde en otage. Provoque et alimente ses ennemis, jusqu’à la folie. Transgresse le droit, la loi, les limites. Table sur la peur pour faire peur à la paix.
Ne comprend le rapport au voisin qu’en termes de mépris et de force. Condamne l’avenir en sabotant le présent.
Met son peuple en danger au prétexte de le protéger,
offense sa mémoire au nom de la mémoire. L’entretient dans l’ignorance et la haine du Palestinien.
Transforme les chancelleries en serviteurs obséquieux. Met en échec tous ceux qui, dans le monde arabe, essayent de construire des ponts, de calmer les esprits. Instaure l’apartheid en se proclamant démocrate. Traite d’antisémite quiconque ose lever le doigt et se réjouit de l’antisémitisme qui justifie les ghettos, les murs, l’enfermement. Ne rate pas une occasion de mettre le feu, partout où le bois est sec. Partout où les gens sont humiliés, les têtes explosives. Se moque de ses dissidents qui peuvent toujours causer. Se moque de l’Europe qui paye, sans broncher, les factures des lendemains de bombardements. Se moque à présent de Barack Obama et de ses désirs de paix. Il demande l’arrêt de la colonisation ? Elle repart de plus belle. Il pousse la Turquie à raisonner l’Iran? On torpille la Turquie. Il plaide pour un monde sans nucléaire ? Grand bien lui fasse. C’est bon pour les autres.
Et après ? Jusqu’où ? Jusqu’à quand ? Les grandes puissances auront-elles, cette fois, la volonté élémentaire de retirer à Israël son permis de conduire au bord du précipice? Auront-elles le courage de renoncer à traiter ce pays en exception? De voir en ce « traitement de faveur », l’aveu d’une dangereuse lâcheté ?
Qu’Israël, grisé par son impunité et sa puissance, pousse toujours plus loin son droit d’en user, d’en abuser, c’est irresponsable, mais c’est cohérent. Ce qui n’est ni cohérent ni responsable, c’est l’entêtement de l’Europe et des Etats-Unis à se laisser intimider par ce pays roi, gratifié d’avance, quoi qu’il fasse, du droit au dernier mot; À se laisser dicter, par lui, l’ordre du jour, le ton, la conduite, l’échelle des valeurs et des priorités. À lui inventer des excuses chaque fois que s’impose la sanction. À le semoncer un peu, pour toujours mieux le conforter. À confier, pour finir, le destin de la région, et peut-être bien davantage, à sa terrible conception de la survie: l’état de guerre permanent. Ce dernier constituant, en soi, l’état d’exception, la sortie du droit. La mort anticipée de toute négociation. Partant de là, la boucle est bouclée. La sécurité a bon dos : l’impasse engendre l’impasse, la surenchère, la surenchère, la haine, la haine. Le tout sur pied de guerre. Israël est servi : Ahmadinejad est à la hauteur du rôle. Et puisque nous l’évoquons, venons-en à la question majeure - aussi taboue que décisive – de ce conflit : Jérusalem. En l’ayant abandonnée à Israël, en ayant renoncé au projet du « bon sens » ainsi que l’appelait Germaine Tillion, celui qui en aurait fait le centre et le bien commun des trois monothéismes, l’Occident a capitulé sur l’essentiel : le lieu physique et symbolique de la paix.
Dommage. Il y a eu un moment où arabes et israéliens sont sortis de leurs tranchées, où ils se sont regardés. Où ils étaient presque prêts à faire cohabiter leurs mémoires. Ce qui est grave, très grave, c’est qu’Isarël est en train de reprendre aux yeux du monde arabe et musulman la figure d’un ennemi sans visage. Il n’est de pire danger pour un peuple que de priver son adversaire du moyen de le connaître.
Cette dernière répétition sera-t-elle la répétition de trop ? Obama aura-t-il la force de dire haut et fort : à présent ça suffit ! ? Pour l’heure, il semble que non. On condamne, on ferme les yeux, on attend que ça retombe. Et on se paye le luxe, avec ça, de ne pas comprendre ceux qui pètent les plombs.
Dominique Eddé
Source: Union juive française pour la Paix
Libellés : Etazunis, Gaza, international, Israël, Palestine
mercredi 26 mai 2010
«Des enfants meurent à cause des gangsters de la Bourse »
Dans sa violence, oui. Je ne pensais pas que les truands de la finance allaient ruiner l’économie mondiale à une telle vitesse : 1.800 milliards de valeurs patrimoniales ont été détruites. Pour les pays du tiers-monde, c’est une catastrophe totale. Mais aussi pour les pays industrialisés.
(...)
Libellés : capitalisme, crise alimentaire, international, mondialisation
dimanche 21 mars 2010
Mexique : un syndicat liquidé en une nuit
Dans la soirée du samedi, 10 octobre 2009, des milliers de soldats et policiers fédéraux, profitant du fait que leur présence dans les rues est familière depuis la militarisation de la lutte anti-drogue, envahissent subrepticement une cinquantaine d’installations de la compagnie nationale d’électricité, Luz y Fuerza del Centro (LFC) qui approvisionne plus de six millions de personnes dans le centre du pays.
Du jour au lendemain, 44 000 travailleurs et leur famille de même que 22 000 retraités se retrouvent à la rue alors que disparaît l’un des syndicats indépendants les plus forts et combatifs du pays.
Une semaine auparavant, le gouvernement avait refusé de reconnaître l’élection de Martin Esparza à la tête d’un syndicat qui, depuis 95 ans, s’est toujours opposé aux privatisations et à l’érosion des droits des travailleurs.
Le gouvernement et ses amis des médias privés justifient un acte aussi maladroitement barbare, qui viole plus de vingt articles de la Constitution mexicaine et plusieurs conventions internationales en matière de droits syndicaux, par « l’inefficacité » de la compagnie.
Celle-ci, dit Calderon qui, pendant la campagne électorale de 2006, s’autoproclamait le « président de l’emploi », coûte davantage à l’État qu’elle ne lui rapporte parce qu’elle emploie trop de personnel et que les salaires de ce dernier sont trop élevés.
Médias et gouvernement ont en même temps lancé une campagne de salissage contre les travailleurs de l’entreprise, les accusant d’être des privilégiés responsables de la piètre qualité du service aux consommateurs : sur-tarifications, bureaucratie complexe, pannes répétées, etc.
Mais plusieurs études montrent que l’inefficacité de l’entreprise LFC a une toute autre origine.
Ainsi, le gouvernement a cessé de capitaliser l’entreprise depuis les grèves des années 1980, justement dans le but que cette dernière fonctionne mal et qu’on ait ensuite une bonne raison de la privatiser.
À l’abandon volontaire de la compagnie et de ses équipements, le syndicat ajoute que les gouvernements mexicains ont toujours empêché LFC de produire de l’électricité, préférant qu’elle achète l’énergie à prix très élevé à la Commission nationale de l’électricité et à des entreprises privées liées au gouvernement pour ensuite la distribuer presque gratuitement aux multinationales et autres grandes entreprises.
Le président du SME, Martin Esparza, explique aussi que l’un des grands enjeux de ce vol public est le réseau de 1000 kilomètres de câbles à fibres optiques que la compagnie se préparait à exploiter pour offrir aux consommateurs un service combiné électricité-téléphone-câble qui menaçait les intérêts lucratifs du secteur privé dans ce domaine.
Selon Esparza, deux ex-secrétaires à l’énergie du gouvernement mexicain, Fernando Canales Clarion et Ernesto Martens, ont formé une entreprise privée qui utilise déjà « à prix d’amis » le réseau de fibre optique de LFC.
L’entreprise liquidée est maintenant fusionnée avec la Commission fédérale de l’électricité, l’autre compagnie nationale qui fournit des services au reste du pays. Les syndicats soupçonnent que la nouvelle entité, ainsi consolidée et surtout débarrassée de son syndicat, sera bientôt privatisée.
Pour Laura Carlsen, directrice du portail internet Programme pour les Amériques, le gouvernement veut faire payer aux travailleurs les effets d’une calamiteuse crise économique provoquée par la trop grande dépendance du pays envers l’économie états-unienne.
En 2009 seulement, le pays a perdu plus d’un million d’emplois et, depuis l’arrivée au pouvoir du « cauchemar » Calderon, au moins 2.8 millions d’emplois dont un très grand nombre dans les secteurs les plus intégrés à l’économie états-unienne.
Le quotidien La Jornada révèle que 76.000 faillites d’entreprises sont survenues au cours des six derniers mois seulement!
La réponse du gouvernement est pathétique. Il a annoncé des coupures dans ce qui reste des programmes sociaux et des fonds destinés aux municipalités, a créé de nouveaux impôts à la consommation, s’est attaqué aux travailleurs syndiqués et continue de clamer sa foi inébranlable dans le modèle du libre-échange.
Il a aussi accompagné la hausse des prix des aliments, presque tous importés des États-Unis, par celle des prix de l’essence et de l’électricité.
Le mécontentement social croît de jour en jour, au Mexique, nous dit Manuel Perez-Rocha, membre du conseil exécutif du Réseau mexicain d’action contre le libre-échange (RMALC, en espagnol), et pourrait bien éclater en cette année du bicentenaire de l’indépendance et du centenaire de la révolution mexicaine.
Alors que le président Barack Obama a abandonné sa promesse électorale de renégocier l’ALÉNA, un tribunal de ce dernier vient d’obliger l’état mexicain à payer un dédommagement obscène de 77.3 millions de dollars à la multinationale Cargill pour avoir interdit l’entrée de sirop de maïs qui menaçait l’industrie sucrière locale.
Pendant ce temps, les États-Unis subventionnent généreusement leur propre industrie sucrière.
Des secteurs entiers de la population et des régions presque complètes du pays ont tout simplement cessé de reconnaître un gouvernement et une classe politique corrompus qui maintiennent un cap vieux d’il y a trente ans consistant à sacrifier l’agriculture et l’industrie nationale pour le bénéfice d’une toute petite minorité.
Invité par des organisations civiles, le président bolivien, Évo Morales, de passage à Cancun, lors du récent Sommet des pays d’Amérique latine et des Caraïbes (22, 23 et 24 février), a fait un malheur en appelant la gauche mexicaine à s’unir et à « faire sa révolution ».
Une semaine auparavant, des centaines de personnalités et d’organisations (incluant le SME et les centaines de milliers de sympathisants d’Andres Manuel Lopez Obrador, « président légitime » du Mexique), créaient le Comité civil national pour la révocation du mandat de Felipe Calderon.
Ce comité tiendra une consultation populaire, en mai prochain, et s’attend à obtenir plus de 16 millions de « oui » en faveur de la révocation du « président bâtard ».
Dans une « Proclamation aux peuples du Mexique », les révocateurs rappellent que, fortement soupçonné d’avoir volé l’élection présidentielle, Calderon a été intronisé sous escorte militaire dans un Congrès occupé par l’opposition et cerné par des centaines de milliers de protestataires.
Il s’est ensuite empressé de lancer la « guerre aux trafiquants de drogue », initiative permettant à un président faible et sans légitimité populaire, de renforcer son pouvoir en mobilisant les Forces armées dans tout le pays comme en Colombie.
Le « champion de la lutte contre l’insécurité et la délinquance, soulignent les auteurs de la proclamation, a réussi à faire du Mexique le pays le plus insécure et le plus violent du monde en temps de paix ». Un pays qui a connu 15,000 assassinats et 7,000 disparitions au cours des deux dernières années.
« L’actuelle crise mexicaine, qui est économique, politique, environnementale et culturelle, concluent les révocateurs, n’est comparable qu’à celles ayant précédé la révolution d’indépendance (1810), les guerres de réforme (1857-1867) et la révolution mexicaine de 1910. »
L'Aut'journal
Libellés : capitalisme, crise, international, Mexique, Resistance
mardi 22 décembre 2009
samedi 21 novembre 2009
Comment la France pille l'Afrique
Eva Joly: France - Afrique : Comment la France pille l'Afrique
Je n’avais rien compris à ce que l’écrivain Slimane Zeghidour appelle « le secret de famille de la République ».
Lorsque j’ai pris en charge instruction de l’affaire Elf, j’avais en face de moi les puissants du pétrole français, je n’aimais pas leur arrogance, la façon qu’ils avaient de se servir dans les caisses, mais lorsqu’ils invoquaient les intérêts supérieurs du pays, j’étais prête à les croire. Je sortais de plusieurs années en détachement au ministère des Finances, entourée de hauts fonctionnaires intègres, d ‘une compétence absolue. J’avais confiance dans les institutions de mon pays d’adoption. Je n’imaginais pas que la finalité des dirigeants des sociétés nationales du pétrole fut autre chose que le bien commun. Je traquais les dérives et non le système lui-même. (...)
lire la suite..
Libellés : Afrique-Europe, Françafrique, international
mercredi 21 octobre 2009
LA FINANCE COINCE SA BULLE (par le yéti)
Quoi ? Comment ? Qu’apprend-on par le Wall Street Journal : en 2009, les banques américaines vont battre tous les records en matière de rémunérations. Plus de 140 milliards de dollars à se partager pour les 23 principales d’entre elles ! Encore plus qu’à la fin des années fastes (130 milliards “seulement” en 2007). 20% de mieux que l’an de crise 2008 passé.
Je vois déjà des épaules de lecteurs se vouter d’accablement, des regards chavirer de désillusion, des gorges se nouer d’indignation : mais alors, elle est pour quand la fin du monde annoncée… enfin, de LEUR monde ?
Eh bien, figurez-vous qu’en procédant ainsi, ces crétins la hâtent un peu plus d’eux-mêmes. Explications (bêtes comme chou).
Des bulles comme s’il en pleuvait
Le monde de la finance a une marotte : se créer des bulles. Pour ce qui est des plus connues, la bulle Internet des années 90, la bulle immobilière d’avant les subprimes.
Il y a juste un problème avec les bulles. C’est joli quand ça gonfle. Mais ça finit toujours par péter à la figure des souffleurs ingénus. Et là, bonjour les dégâts ! C’est ce qui s’est passé avec les bulles sus-citées, et toutes les autres qui se sont envolées de leurs pipettes imbéciles.
Or aujourd’hui, à quoi assiste-t-on ?
Lorsqu’une vieille bulle éclate, les bulleurs s’empressent illico d’en créer une nouvelle. Mais les portes de sorties se font de plus en plus rarissimes. Alors en désespoir de cause, nos mécréants allumés du monde de la finance sont en train de devenir leur PROPRE bulle.
Comment ? Rien de plus simple à comprendre.
- Pour sauver le monde de la finance (“to big to fail”) des désastres ravageurs de la dernière explosion bullaire, les puissances publiques ont injectés des milliards de milliards dans les tuyaux percés de nos allumés. Une façon d’amorcer d’urgence la pompe du réservoir de la croissance en panne sèche (vous savez, comme pour votre tondeuse à gazon).
- Ces milliards n’existaient pas. Ils étaient un pari sur les gains attendus de cette putassière de “reprise” qui n’en finit pas de ne pas être au rendez-vous. Une avance sur résultats à venir. C’est pourquoi ils les appelaient des “plans de relance”.
- Mais “reprise” de quoi ? “Relance” de quoi ? Ben, de la machine économique réelle, pardi ! En bref de la con-som-ma-tion, via de nouveaux crédits mis sur le marché par les banquiers grâce à ces aides publiques providentielles. Vous comprenez le topo ? Sans consommation ou échanges commerciaux suffisants, la machine goulue ne vaut plus un radis.
- Sauf que ces ânes bâtés ont gardé le gazole public pour eux ! S’en foutent des amorces, ces abrutis de pognon ! D’où leurs bonus faramineux, leurs rémunérations hypertrophiées !
Fiesta sur précipice
Faut-il les envier ? Les jalouser ? Les maudire ? En fait, n’en déplaise aux apparences, ils ne piquent plus vraiment grand-chose. Le mal était fait depuis longtemps. Ils continuent à jouer en vase clos avec leur monnaie de singe, dont ils n’ont d’ailleurs aucun besoin pour vivre, qui ne leur sert strictement à rien sinon flamber.
Leurs biftons tombés du ciel n’auront de valeur que quand les populations les auront remboursés. Mais là, c’est une autre paire de manches !
Car la machine économique réelle, sevrée d’allaitement financier, crache ses poumons, sème ses milliers de chômeurs et pleure son réservoir à sec de crédits.
De reprise, point. J’invite quiconque à jeter un œil sur les derniers résultats d’entreprises importantes. Les CA (chiffres d’affaires), ces seuls baromètres de l’activité économique réelle, sont dans leur grande majorité en forte baisse. En France comme aux États-Unis ou ailleurs.
Nos bravaches hallucinés masquent juste leur décrépitude “réelle” en affichant leurs résultats nets (“moins mauvais que prévu” forcément, mais obtenus essentiellement sur des économies draconiennes de “coûts de production”, donc du chômage). Ou par un financement en nouvelles dettes publiques (prime à la casse auto, aides diverses). La fuite en avant vers le précipice du surendettement irréversible ne connaît pas de limites.
Une sarabande nauséeuse
Pendant ce temps-là, nos psychopathes sablent des ronds de milliards comme du champagne à bulles. Sauf que maintenant, c’est eux les bulles ! Car dans leurs folies, ces voyous ont commis l’impensable : après avoir des années durant saigné à blanc l’économie réelle, les voilà, sur leur sinistre module, qui ont coupé tous les ponts avec leur vaisseau nourricier, c’est-à-dire, avec leur approvisionnement en oxygène.
Oh bien sûr, leur sac à illusions va encore durer quelques temps ! Ils useront leurs stratagèmes jusqu’à la dernière ficelle. Pomperont sans vergogne tout le sang qu’ils peuvent. Pendant que leurs copains maîtres du monde verseront leurs larmes de crocodiles, de réunions pince-fesse en sommets de ridicule.
Pauvre petit jésus Obama qui prétendait mettre ces vampires au régime ! Misérable G20 (avec un g comme girouettes) qui fait mine de vouloir moraliser cette voyoucratie grotesque !
Mais attendez l’explosion de cette bulle de la bulle ! Elle est inévitable. Comme celles de toutes leurs autres bulles d’avant.
Car vous pouvez le prendre par tous les bouts, à terme ils n’ont plus la moindre porte de sortie. Pire, ils condamnent par cette ultime bêtise sur les rémunérations forcenées les derniers soupiraux qui leur restaient. Vous en connaissez beaucoup, vous, des systèmes qui tiennent longtemps sans oxygène ?
Oui, on pourrait presque sourire de la sarabande loufoque de ces détestables demeurés.
Mais il y a un autre titre qui transperce la une de la presse du moment :
« Un milliards d’affamés… une aggravation notamment due à la crise » (Libération du 15 octobre 2009).
Comme une impression nauséeuse de désespérant suicide collectif.
source: Chroniques du Yéti
Libellés : crise, international, la fin du capitalisme
lundi 31 août 2009
Le capitalisme en crise a besoin d’un conflit militaire majeur
Pour Jean-Loup Izambert, journaliste indépendant et écrivain, qui publie son septième ouvrage (1) sous le titre de Pourquoi la crise ? aux éditions Amalthée, la crise du capitalisme est devenue totale. Contrairement aux déclarations de certains économistes et politiciens, il affirme qu’il n’y aura pas de sortie de crise. Pour l’auteur de la seule investigation journalistique sur les origines de la crise(2), le système capitaliste ne peut survivre que par la guerre. Quelle alternative pour les peuples ? Entretien.
Geostrategie : Vous démontrez dans votre livre Pourquoi la crise ? que le capitalisme ne peut plus supporter la démocratie parlementaire avec laquelle il s’est développé. Sommes-nous à un point de rupture avec ce système et les valeurs de liberté, d’égalité, de fraternité ?
Jean-Loup Izambert : C’est évident. Pourquoi et quelles données changent par rapport aux dernières décennies ? Dans ce système les grands propriétaires privés de l’économie contrôlent l’économie et tentent de l’imposer par tous les moyens comme régime aux peuples de la planète, y compris par la guerre. C’est ce qu’ils ont toujours fait avec la seule préoccupation de s’enrichir et de faire main basse sur les richesses des peuples au seul profit des sociétés transnationales qu’ils dirigent. Mais parvenu au stade de l’impérialisme, période actuelle du développement du capitalisme, les grands possédants ont besoin d’un pouvoir politique qui leur soit totalement dévoué pour protéger et accroître encore la concentration des richesses qu’ils cumulent. Il faut bien comprendre qu’il s’agit pour eux d’une question de survie, de rester maîtres du pouvoir et bien sûr de leur privilèges. L’une des contradictions qu’ils doivent gérer vient justement du fait que l’accumulation du Capital et la concentration des richesses qu’ils sont contraints de perpétuer sous peine de perdre pouvoir et privilèges implique aujourd’hui des centres de décisions de plus en plus fermés, dans l’entreprise comme dans la société. Or, cette tendance à la centralisation va à l’inverse de mouvement des sociétés qui pousse vers plus d’ouverture, de démocratie, de participation, de culture notamment avec le développement des sciences et des techniques.
la suite sur géostratégie
Libellés : capitalisme, crise, international, mondialisation
vendredi 1 mai 2009
C’est la grippe finaaaaaale !
René BALME
Après la grippe aviaire, une nouvelle forme de grippe interplanétaire apparaît... spontanément, cela va de soi ! Si l’on en croit les médias, il s’agirait d’un virus inconnu. Foulant au pied toutes les théories scientifiques, notamment celles exposées par Darwin sur l’évolution des espèces, la petite bête de la grippe mexicaine apparaît, sortant du néant, pour envahir les médias internationaux... mais surtout ceux de l’Hexagone. Ah ! la génération spontanée des virus, quelle belle invention tout de même ! Rien ne lui résiste, pas même l’esprit critique.
lire la suite sur Le Grand Soir
Libellés : agriculture, Amérique du sud, international, non à l'intox
mardi 14 avril 2009
Fourest et Venner dans Charlie Hebdo : désinformation contre Jean Ziegler
La conférence de suivi de la Conférence de Durban (Afrique du sud) de 2001 sur le racisme se tient à Genève en Avril 2009. Elle est l’enjeu de débats et de combats politiques qu’il n’appartient pas à la critique des médias de tenter d’arbitrer. A cette occasion, la virulente campagne contre Jean Ziegler qui dure depuis plusieurs années reprend de plus belle, mêlant quelques informations à un flot d’imputations sans preuves et de pures calomnies. Charlie Hebdo relaie... et Jean Ziegler répond.
lire la suite de l'article sur ACRIMED
Libellés : contre-intox, international
vendredi 10 avril 2009
Non-assistance: le refus de médecins israéliens d’informer leurs collègues palestiniens sur les soins à apporter aux brûlés par le phosphore blanc
AUTEUR: Naoki TOMASINI
Traduit par Fausto Giudice
Les médecins israéliens ont refusé de transmettre à leurs collègues palestiniens des informations sur la manière de soigner les blessures provoquées par le phosphore blanc.
Le Dr. Abou Shaban est médecin-chef au service des brûlés l'hôpital Al Shifa à Gaza, qui a rassemblé de nombreuses preuves de l'utilisation de munitions au phosphore blanc contre la population civile dans la bande de Gaza. Racontant les difficultés rencontrées au cours de l'offensive, alors qu'ils ne savaient pas comment traiter les blessures provoquées par le phosphore, il a révélé avoir demandé de l’aide aux médecins israéliens de Médecins pour les droits de l'homme (Physicians for Human Rights), lesquels ont été incapables de l'aider. PeaceReporter a interrogé Miri Weingarten, la militante de Médecins pour les droits de l'homme, qui a traduit et diffusé le document confidentiel israélien sur lequel nous avons écrit hier.
"Le document, qui contient des instructions sur la façon de reconnaître et de guérir les blessures provoquées par le phosphore blanc a été réalisée par l'Étoile de David Rouge et des médecins militaires», a déclaré Miri. "Dès que nous avons appris son existence, nous avons appelé l’unité de guerre du gouvernement et nous en avons demandé une copie. À quoi ça va vous servir? Nous ont répondu des fonctionnaires, en expliquant qu'il s'agissait d'un document à usage interne ... Cela nous a été demandé par certains patients israéliens, avons-nous répondu.Et comme ça, ils nous l’ont envoyé. Nous l’avons alors traduit et envoyé au ministère de la Santé de la bande de Gaza, et ensuite, par le biais d'une liste de diffusion, aux principales ONG actives dans la bande de Gaza ".
Est-ce qu’ils l’auraient envoyé quand même, même en sachant que vous le traduiriez et transmettriez aux Palestiniens?
Certainement pas.
Le Docteur Abou Shaban affirme qu'il n'a jamais vu ce dossier, qui aurait permis de sauver de nombreuses vies. Est-il vrai que vous n'avez pas été en mesure de l’aider?
Oui, le docteur dit la vérité. Jusqu'à ce que nous ayons reçu le document de la Magen David Adom, nous ne savions pas comment l’aider. Nous avons essayé de demander de l'aide à un médecin de l'hôpital Shiba de Tel-Aviv, qui au cours de la guerre du Liban de 2006, avait soigné des soldats blessés par le phosphore. Mais, lorsque nous avons demandé s'il était disposé à parler avec un médecin palestinien, il a dit non. Le document, nous l’avons reçu le 15 Janvier, il a fallu trois jours pour le traduire et le diffuser, et il est probable parvenu aux médecins dans la bande de Gaza après le 18, le jour où a été instaurée la trêve.
Mais le docteur Abou Shaban affirmait le 10 Février n’avoir jamais vu le document israélien...
Immédiatement après le cessez-le-feu nous avons envoyé dans la bande de Gaza une mission de médecins qui ont parlé des cas de blessures au phosphore avec divers médecins locaux, dont Abou Shaban. Mais il faut comprendre que, durant ces jours-là, ça a été un chaos total. Il est possible qu’il n'avait pas lu les e-mails ... En tout cas, les informations qu'il nous a fournies ont toujours été précises et fiables, et nous croyons avoir fait tout notre possible à son égard.
Le fait que l’Étoile de David rouge et les médecins iraéliens qui ont reçu ce document ne l’ont pas fourni aux collègues palestiniens n’est-il pas une violation des codes éthiques ?
Bien sûr que ça l’est. C’est une violation flagrante de la Convention de Genève, qui oblige toute organisation médicale à fournir toute l'aide possible aux blessés , de quelque bord qu’ils soient. Mis à part le phosphore, la non-assistance concerne aussi 'armée, qui, dans de très nombreux cas, au cours de cette offensive, a laissé saigner et mourir des blessés sans leur porter secours. Voyez-vous, le phosphore est tiré avec l'artillerie, donc les soldats ne voient pas où il tombe, alors que dans le cas de coups de canon et d’armes de poing, ils voient qi ils ont atteint. Je le répète, les soldats et les moyens de secours de l'armée israélienne sont restés impassible face à des dizaines de cas de personnes ayant besoin de soins médicaux d'urgence. C’est cela le crime de guerre, et c’est encore plus grave que l'utilisation de phosphore dans les zones densément peuplées de civils. En ce qui concerne le phosphore, il y aussi une autre violation : le fait que l'armée, jusqu'à la fin de la guerre, a refusé d’admettre qu'elle l’avait utilisé.
Les obus de 155mm sont clairement marqués du numéro M825A1, une munition US au phosphore blanc
Le document affirme que le Hamas serait en train de tirer des munitions au phosphore vers Israël, sans expliquer d'où elles viennent. Mais il est évident que le phosphore à présent en possession du Hamas est celui-là même qu’Israël a tiré contre la bande de Gaza ...
Oui, aussi paradoxale que l'accusation par laquelle commence le document puisse paraître, ce n’est pas exactement un aveu. Mais les mêmes forces armées elles-mêmes ont reconnu explicitement avoir utilisé ces munitions, mais seulement après le cessez-le-feu, mais sans admettre qu'elles les avaient utilisé dans les zones densément peuplées. C'est un fait qui doit être souligné, car le refus de reconnaître cela a compliqué au début la vie des médecins à Gaza. Ils savaient qu'il étaient en présence de brûlures inhabituelles, mais ils ne pouvaient pas être sûrs que ce c’était du phosphore et non d'autres substances mystérieuses. En outre, une circonstance atténuante pour le médecin israélien qui a refusé de parler avec les collègues palestiniens, est qu’il n’était pas disposé à donner des conseils parce qu'il n’était pas en mesure de vérifier personnellement que le type d'arme utilisée était vraiment du phosphore blanc, plutôt qu’une quelconque autre fantomatique arme expérimentale.
Source : Mancato soccorso
Article original publié le 3/3/2009
Sur l’auteur
Fausto Giudice est membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.
URL de cet article sur Tlaxcala : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=7315&lg=
Libellés : Gaza, international, Israël, Palestine
samedi 21 mars 2009
Campagne contre le Forum Mondial de l’eau et la privatisation de l’eau en Turquie
Source / auteur : Via Campesina
Face à l’exploitation d’un nombre croissant de ressources en eau qu’exigent chaque jour l’industrialisation extrême et la surproduction capitaliste, l’accès aux ressources d’eau est devenu une source importante de conflits politiques. Les états, les sociétés multinationales et les groupes d’intérêt privés ont établi le Conseil mondial de l’eau (WWC) afin de marchandiser et de commercialiser les ressources d’eau, et de maximiser les potentiels bénéfices. Comme on le sait, le Conseil mondial de l’eau est une institution intergouvernementale subventionnée et soutenue par des multinationales. Cependant, ce sont la Banque Mondiale et les monopoles de l’eau qui dominent le Conseil, et le Conseil fait en sorte d’assurer que la logique du bénéfice détermine l’avenir de l’eau.
Le 5e Forum mondial de l’eau aura lieu les 16-22 mars à Istanbul.
À l’heure actuelle en Turquie, des législations prévoyant d’octroyer l’eau des fleuves, des lacs et des étangs aux corporations sont en cours de préparation. En d’autres termes, ceci signifie que les ressources en eau elles-mêmes pourront être transférées aux corporations, qui ne dirigeaient jusqu’à présent que les services d’approvisionnement en eau. Il s’agit là d’une nouvelle phase dans la privatisation de l’eau. Par conséquent, le 5e Forum mondial de l’eau qui va se tenir en Turquie est extrêmement crucial et devra permettre d’enrayer cette avancée des sociétés de l’eau.
Les Nations Unies et la Banque Mondiale considèrent l’eau comme un besoin plutôt que comme un droit. Il s’agit d’une différence cruciale. Dès lors que l’eau est définie comme un « besoin » plutôt que comme un « droit », il devient possible d’en faire une marchandise et de la soumettre au commerce. Un deuxième aspect de la politique globale de l’eau est que l’on propose une gestion de la demande plutôt qu’une gestion de l’approvisionnement dans la cadre de la gestion globale des ressources en eau. En d’autres termes, la privatisation de la gestion de l’eau potable, de l’eau domestique et de l’eau d’irrigation est ouverte à la discussion.
Parce qu’elle constitue un composant inséparable de la vie sociale, l’eau ne peut pas être laissée entre les mains de personnes ou d’institutions, encore moins entre celles des états capitalistes. Il faut reconnaître que l’eau appartient à la nature, dont l’humanité elle-même fait également partie. Par conséquent, nous exigeons que seules les personnes qui acceptent l’eau comme condition de base de la survie de tous les organismes vivants et non pas ces bureaucrates et/ou détenteurs d’intérêts privés qui prétendent que l’eau peut être utilisée pour l’accumulation de capital puissent déterminer comment et dans quelles circonstances l’eau peut être utilisée par l’homme, les animaux et les plantes.
Dans ce contexte, la Confédération des syndicats paysans turcs, Çiftçi-Sen, membre de Via Campesina, soutenue par plus de 100 autres mouvements d’opposition sociale défendant la reconnaissance du droit à l’eau, a formé une plate-forme intitulée « Non à la commercialisation de l’eau », afin de lutter contre le Forum mondial de l’eau. Pour nous opposer aux intérêts des corporations et démontrer la position des peuples sur la question, nous travaillons collectivement à l’organisation d’une manifestation massive le 15 mars à Istanbul, afin de protester contre le Forum mondial de l’eau. La manifestation s’accompagnera d’un ensemble d’activités qui auront lieu tout au long de la semaine (manifestations, discours, ateliers et panels) afin de jeter une ombre sur le WWC.
photo: CHINE Information
à lire aussi:
COMMUNIQUE DE FRANCE LIBERTES – FONDATION DANIELLE MITTERRAND
5ème FORUM MONDIAL DE L’EAU : UN DAVOS DE L’EAU ? NON MERCI
Libellés : international, l'eau marchandisée, le bien public, Resistance
vendredi 13 mars 2009
Nous sommes toujours en pleine crise alimentaire
par Stéphane Desgain
Il est possible de prendre des décisions politiques permettant de rompre avec un système qui produit en alternance des crises alimentaires dans les campagnes puis dans les villes et ainsi de suite.
Après des décennies de prix de produits alimentaires dépréciés, ne permettant pas à la majorité de producteurs de vivre dignement de leur travail, le contexte semble avoir radicalement changé. En avril 2008, les prix mondiaux des produits agricoles ont augmenté en moyenne de 54% en douze mois. Certains produits, comme les céréales et l’huile végétale ont respectivement augmenté de 94% et 98%, avec des niveaux record de prix depuis plus de dix ans. Depuis quelques mois, les prix de nombreux produits agricoles ont chuté, confirmant les craintes des ONG, des organisations de consommateurs, d’environnementalistes et des organisations de producteurs de voir les marchés agricoles être encore plus volatils.
On comprend que ces hausses brutales aient jeté dans la rue des populations déjà pauvres qui consacrent 60 à 80% de leur budget à l’alimentation. On s’interroge sur l’absence de réaction quand le phénomène inverse jette d’année en année plus de 50 millions de paysans dans la misère ? Sans doute parce que les journalistes vivent en ville et pas en milieu rural.
Il est plus inquiétant encore de se rendre compte que peu de gouvernement ont pris la mesure des menaces qui pèsent, non plus sur 850 millions de personnes, mais aujourd’hui sur près d’un milliard d’individus souffrant de la faim. Nous tournons collectivement le dos au projet minimaliste des Nations Unies de réduire la faim en 2015... de moitié ! Les émeutes de la Faim ont frappé plus de 40 pays. Peu de responsables politiques européens ont compris qu’il ne s’agit plus de faire baisser les prix à tous prix mais plutôt de s’attaquer aux causes qui ont amenés ces pays à être à ce point dépendant d’autres pour leur alimentation de base. En 2007, les coûts des importations alimentaires des pays en développement ont augmenté de 33 %.
Se poser cette question c’est enfin questionner le projet agricole qui permettrait de garder des paysannes et paysans motivés, qui auraient un avenir dans cette activité et bénéficieraient de prix agricoles qui leur permettraient de vivre décemment. Ces prix doivent, on l’oublie trop souvent, permettre d’investir dans les pratiques agricoles qui augmentent le productivité en préservant l’environnement et la biodiversité.
Les raisons de la crise alimentaires de 2008 sont nombreuses mais elles ne peuvent nous exonérer de faire le travail de hiérarchisation. Quelles en sont les raisons premières et quelles sont celles qui découlent de causes plus fondamentales ?
Il est vrai que la crise alimentaire découle d’une hausse de la demande avec l’augmentation et les changements des habitudes alimentaires dans les pays émergents, l’urbanisation croissante, la demande d’agrocarburants. Il est également vrai qu’elle découle aussi de l’augmentation des coûts de production elle-même liée au prix du pétrole, des effets des changements climatique avec la sécheresse qui frappé l’Australie et d’autres régions du monde mais aussi du rôle criminel joué par les traders spéculant sur les variations de prix des produits agricoles.
Mais il serait heureux de mettre en haut de la liste trois éléments fondamentaux. La dérégulation et la mise en concurrence des agricultures du monde entier aux travers des règles du commerce mondiale et les accords bilatéraux et bi régionnaux (UE ACP, UE / Mercosur). Cette politique limite chaque jour les possibilités des pays de protéger leurs agricultures. Pour de nombreux pays pas de protection signifie plus d’agriculture.
Deuxièmement, l’abandon de vrais politiques agricoles qui maintiennent des prix agricoles rémunérateurs et stables pour les producteurs. Ces politiques gèrent l’offre et organisent les quantités produites, importées et maintiennent de stocks suffisants. Elles sont indispensables.
Enfin, le troisième élément est l’absence de soutiens financiers assumés à une politique agricole qui est orientée vers une agriculture familiale, paysanne durable, celle qui maintient l’emploi rural. Ces soutiens ne seraient plus destinés à compenser des prix trop bas puisque la régulation maintiendrait les prix à des niveaux couvrant tous les coûts de production. Les soutiens financiers seraient destinés aux réformes agraires, à la formation, à l’amélioration des pratiques agricoles qui respecte les cycles naturels, à l’irrigation, à la recherche publique empêchant la main mise du privé et le brevetage, à la transformation et la conservation, à la réorganisation de l’agriculture afin de la rendre indépendante du pétrole.
Ce troisième élément est compliqué pour les pays les plus pauvres. Il s’agit de garder à l’esprit que les rapports Nord-Sud sont toujours aussi inégaux. Il faut donc, en même temps cesser les pillages des ressources naturelles, stopper les pressions visant à démanteler les politiques agricoles, augmenter rapidement l’aide publique destinée à l’agriculture. Entre 1987 et 2005, l’aide à l’agriculture destiné aux pays du Sud est passée de 11,5 à 3,9 milliards de dollars par an alors qu’il faudrait de 25 à 40 milliards de dollars supplémentaires. Les organisations paysannes doivent être au centre des choix prioritaires et du contrôle de l’utilisations de ces fonds.
Avec des politiques agricoles fortes on traite le problème de la dépendance, coupant sous le pied l’impact de l’augmentation des prix internationaux. L’exemple du Mexique est éclairant. Si ce pays n’avait pas laissé les règles du libre échange détruire son agriculture, il n’aurait pas subi le changement d’affectation du maïs des Etats-Unis qui se découvrent un engouement pour l’éthanol. Si l’on avait maintenu partout sur terre des stocks publics de céréales suffisants, les traders n’aurais pas pu spéculer sur une pénurie…
Reste plusieurs problèmes : celui d’un mode d’alimentation basé sur une surconsommation de viande et de poisson d’une minorité. Il n’est pas possible d’étendre ce mode d’alimentation à l’ensemble des populations. Les pays riches doivent changer en premier puisqu’ils sont malheureusement ceux qui influencent l’imaginaire collectif de la plupart des pays.
Même si l’on relocalise la production et que l’agriculture est prioritairement orientée vers les marché locaux, il restera une part de l’agriculture destiné à l’exportation. Pensons aux produits comme le café le cacao, le thé, … Les politiques agricoles nationales et régionales ne peuvent réguler ces productions pour éviter que les pays producteurs ne subissent de forte chute de prix et les pays importateurs des ruptures d’approvisionnement. Il est urgent alors de négocier, produit par produit, des accords internationaux régulant les quantités échangées, de manière à limiter la volatilité des marchés et à garantir des prix rémunérateurs. L’Organisation mondiale du commerce (OMC) est décrédibilisé ? Qu’elle commence par cette régulation en abandonnant son dogme de la régulation par le marché. Mais en est-elle capable ?
Sortir d’un modèle productiviste, basé sur la monoculture, les engrais et d’autres intrants issus du pétrole, nécessite des besoins financiers pour aider les agriculteurs endettés à sortir de ce modèle et à se reconvertir. Il faudra expliquer aux autres citoyens la nécessité d’aide publique puisqu’il y a une responsabilité collective dans cette mauvaise orientation.
Le dernier problème en date est particulièrement inquiétant puisqu’il s’agit de l’accaparement des terres fertiles des pays pauvres par des fonds d’investissement ou d’autres gouvernements. De nombreux gouvernements disposant d’importants moyens financiers provenant du pétrole ou de balance commerciale excédentaire s’emparent de terres fertiles dans le monde entier. Ces pays sont en fait préoccupés par l’insécurité alimentaire parce qu’ils comptent sur des importations pour nourrir leurs populations. Ils comptent externaliser leur propre production alimentaire pour échapper aux prix élevés du marché. Ce choix est clairement anti-social puisque ces accaparements de terre se font dans des pays où sévit la faim et contourne la vraie question de l’analyse des moyens d’améliorer l’agriculture locale.
Plus grave une part importante des accaparement de terres sont le fait de fonds d’investissement qui recherche une rentabilité. L’agriculture, une fois de plus, n’a plus vocation de nourrir mais d’engraisser des actionnaires. Ces sociétés d’investissement, achètent de terres agricoles dans le but de tirer profit de la réduction des coûts fonciers et de l’augmentation des prix alimentaires partout où des terres agricoles fertiles sont disponibles. Parmi les accapareurs figurent des noms bien connus, comme ceux de Goldman Sachs, Morgan Stanley, BlackRock …
Cette constatation n’exclut pas l’utilité d’échanges sur certains produits et entre les pays bénéficiant d’une grande quantité de terres fertiles avec ceux en léger déficit. Mais le choix de laisser faire les plus puissants, ceux qui ont les moyens d’acheter les meilleurs terres est l’exacte contraire du principe de démocratie et d’un projet collectif inscrit dans une politique agricole. Si nous laisser faire, nous allons droit vers une contre réforme agraire, mais au niveau mondial.
source: blog "Food crisis & the global land grab" de L’ONG Grain (pour Genetic Resources Action International), basée à Barcelone, qui a ainsi mis en place une veille mondiale quotidienne recensant les articles de presse publiés sur ce sujet.
Libellés : agriculture, international, mondialisation
lundi 19 janvier 2009
Gaza : Après le Déluge
Le premier ministre Ehut Olmert a annoncé que le gouvernement israélien avait obtenu ce qu’il voulait et qu’il pouvait envisager unilatéralement un cessez-le-feu. Après une « guerre », une offensive, et au fond un carnage de trois semaines, l’administration israélienne « entend » les voix de l’indignation à travers le monde. Un retour au calme serait donc possible, et la paix envisageable. De nombreux analystes et commentateurs, dont le rédacteur en chef de la BBC pour le Moyen-Orient, Jeremy Bowen, mettent en évidence les calculs politiciens et stratégiques qui ont conduit à cette décision. Si l’humanitaire et le respect de la vie des civils avaient vraiment joué un rôle, ce cessez-le-feu aurait été décidé bien avant. Après avoir décimé la bande de Gaza, et en stoppant unilatéralement son offensive, Israël, d’une part, se donne les moyens d’accueillir le nouveau président Barack Obama (qui prend ses fonctions le 20 janvier) en position de force (mais plus dans un rôle d’agresseur effectif) et il place, d’autre part, les Palestiniens dans une situation difficile : obligés de se plier aux conditions d’Israël, toutes manifestations de résistance les mettraient du côté des agresseurs et Israël aurait toute latitude pour recommencer l’offensive par « légitime défense ».
Gagné-Perdu...Perdu-Gagné ?
dimanche 18 janvier 2009, par Tariq Ramadan
Libellés : decryptage, Gaza, international, Israël
archives du blog
- février (1)
- janvier (7)
- décembre (5)
- novembre (28)
- octobre (34)
- septembre (11)
- août (3)
- juillet (6)
- juin (8)
- mai (4)
- avril (6)
- mars (19)
- février (5)
- janvier (1)
- décembre (9)
- novembre (12)
- octobre (3)
- septembre (7)
- août (3)
- juillet (2)
- juin (14)
- mai (19)
- avril (16)
- mars (8)
- février (22)
- janvier (31)
- décembre (22)
- novembre (14)
- octobre (16)
- septembre (14)
- août (6)
- juillet (10)
- juin (19)
- mai (29)
- avril (16)
- mars (8)
- février (8)
- janvier (30)
- décembre (20)
- novembre (5)
- juin (2)
- mai (12)
- avril (29)
- mars (8)